Bonjour
!
Je suis actuellement peintre à mes heures, puisque j'exerce le métier
de maquettiste PAO au sein d'une imprimerie.
Ainsi, même si les outils ne sont pas les mêmes, je ne me suis
pas pour autant éloigné ni du monde créatif, ni de celui
de la couleur...! Et j'ai conscience qu'aujourd'hui, dans ce monde formaté,
c'est une chance.
J'ai effectué, dans les années 80, mes études aux Beaux-Arts
de Besançon, et c'est à cette époque que j'ai découvert
la peinture de Claude Monet, dont je parle ci-dessous, puis celle de Pierre
Bonnard.
J'ai aujourd'hui 40 ans, mais depuis toujours je voue un profond respect à
la nature, et elle revient souvent au centre de mes toiles. Mes thèmes
de prédilection sont l'eau, la montagne, les forêts... J'ai la
chance d'habiter une région qui m'offre des modèles de choix
en ce sens...
Rien de très original... Peut-être... Mais ce sont des thèmes
éternels qui méritent toujours plus d'attention, au vu des dégradations
et de la négligence dont est capable l'homme d'aujourd'hui, que le
profit et la rentabilité mênent par le bout du nez...
Pêcheur de truite, je constate avec amertume la disparition de nombreux
poissons de rivières pourtant autrefois si belles, comme la Loue, toute
proche.
Je ne veux pas croire que tout est inéluctable, et ma peinture se veut
comme étant une preuve de mon amour pour la beauté des lieux
qui me sont chers.
A défaut d'être un créatif pur et dur, magnifier la nature
ne me semble donc pas sans intérêt... Comme d'autres l'ont fait
depuis longtemps, et comme d'autres continueront longtemps à le faire
; du moins je le souhaite de tout coeur.
Peindre...
Ah, la peinture ! Vaste débat...
J'ai un espace pour dire ce que je pense, alors je vais en profiter... ! N'en
déplaise à certains...
Qu'est ce que la peinture ? Nombreuses ont été les définitions
annoncées pour justifier un art personnel, subjectif,
donc incapables de définir la notion de peinture dans ses plus diverses
manifestations.
La seule qui me paraisse valable et qui a le mérite de rester prudente,
est celle donnée par Maurice Denis, conscience
et théoricien des Nabis : "Se rappeler qu'un tableau - avant d'être
un cheval de bataille, une femme nue ou une
quelconque anecdote - est essentiellement une surface plane recouverte de
couleurs en un certain ordre assemblées". Bien sûr, cela
peut sembler réducteur, et à défaut de donner LA définition
(existe-t-elle d'ailleurs ?), elle peut balayer tous les concepts et faire
naître le doute sur sa propre vision des choses...
A partir de là, tout est permis, pour le meilleur.. et pour le pire.
Et c'est formidable.
René
Huygues distingue deux branches parmi les peintres : d'un côté
les intellectuels plasticiens, de l'autre les affectifs
expressifs. Avouant appartenir au second groupe, je délaisse justement
toute peinture régie par une
théorie visant à faire valoir des règles aux dépends
de l'expression d'une sensibilité et d'une spontanéïté.
Pendant mes études aux Beaux-Arts, à un moment lors où
j'avais pour objet essentiel des recherches sur la couleur, au
travers de peintures "semi-abstraites", on a même voulu me
faire croire que je ne devais plus peindre...
Parce que soit disant la couleur était née avec tel peintre
et puis "morte" avec tel autre... Et puis, c'était la "mode"
des installations...!
Monet a dit : "je peinds comme l'oiseau chante", et cette simple
citation (attention : je n'ai pas dit simpliste) a tellement plus de valeur
à mes yeux que je préfère oublier le délire intellectuel
de certains plasticiens qui veulent s'accaparer le monde à coups de
nouvelles théories, qui ne sont parfois là que pour enterrer
les précédentes...
Certes
je n'ai pas eu mon "diplôme", on m'en a même refusé
l'accès...!
Je ne correspondais
pas au profil du moment et je peux en être fier finalement.
Fier de ne pas avoir à m'enfermer dans une idée, heureux de
pouvoir être un jour figuratif, et
abstrait le lendemain, sans avoir de compte à rendre pour un quelconque
concept.
C'est ça être libre. Et quoi qu'en pensent certains, ça
n'empêche pas d'avoir une cervelle, de penser, et de savoir se remettre
en question...
Et puis, l'odeur de la peinture à l'huile, de la térébenthine...
c'est formidable, non ?
Vos
réactions seront les bienvenues ici,
quelles qu'elles soient, que vous soyez artiste ou non.
Monet...
La lumière...
C'est en février 1986, Musée Marmottan, que j'ai eu ma plus
grande révélation en matière de peinture !
Et je venais pourtant de visiter le Louvre le jour précédent...
Devant les toiles, je fus immédiatement fasciné par la vision
de Monet ; je me souviens des grands "Nymphéas" ou bien encore
"La maison de Giverny sous les roses",
"La Cathédrale de Rouen, lever de soleil"...
Et se retrouver face aux grands Nymphéas de l'Orangerie, c'est un choc.
c'est s'imprégner de la poésie lumineuse de toute chose, et
se fondre dans le lyrisme flamboyant
d'immatérielles couleurs... C'est se sentir bien, mais tout petit...
Les nymphéas, transfiguration lyrique de la réalité terrestre...
A Giverny, de 1897 à sa mort, Claude Monet a éxécuté
un grand nombre de peintures au jardin d'eau.
Son analyse visuelle à la dernière période de sa vie
est devenue effarante, énorme, somme de toutes les
conquêtes déjà menées. L'oeil de Monet perce alors
le secrêt des eaux luxuriantes, adhère totalement aux ondulations
des plantes et fait renaitre la nature entièrement sur sa toile tant
il a su pousser ses explorations des éléments et de la
lumière. "J'ai mis du temps à comprendre mes nymphéas,
déclara un jour Monet. Je les avais plantés pour
le plaisir, je les cultivais sans songer à les peindre... Et puis tout
à coup, j'ai eu la révélation des fééries
de mon étang.
J'ai pris ma palette... Depuis ce temps, je n'ai guère eu d'autres
modèles."
Cette nature tant aimée deviendra son unique obsession :
"Je peins le jour, déclara t'il au duc de Trévise, je peins
même la nuit puisque j'en rêve".
Sa passion ne connaitra plus de limite et il s'interessera à la difficulté
:
" J'ai repris encore des choses impossibles, c'est de l'eau avec de l'herbe
qui ondule sur le fond ;
c'est admirable à voir, mais c'est à me rendre fou de vouloir
faire ça ; enfin, je m'attaque toujours à ces choses-là".